Depuis la parution, en septembre dernier, de la note sur les enseignements de spécialité au lycée (1), le CNED (Centre National d’Enseignement à Distance) est présenté comme la solution miracle pour faire face à l’absence de certaines spécialités dans les lycées.
Il est vrai que le CNED, destiné à scolariser à distance des élèves ne pouvant, pour raison de santé ou autre, suivre un cursus classique, pallie depuis longtemps déjà les carences de l’offre de formation dans certaines disciplines (langues vivantes notamment). Tous les ans, des élèves, par suite d’un changement de collège ou de lycée, s’inscrivent au CNED pour une matière, ce qui leur permet de poursuivre un enseignement non proposé par leur nouvel établissement
Cependant, ce qui change avec cette note, c’est que pour la première fois, le CNED est d’emblée partie prenante d’un dispositif imaginé par le ministère : « Dans le cas d’un établissement isolé, l’enseignement de spécialité non présent dans l’établissement est assuré par le biais du CNED. » C’est depuis si pratique de pouvoir répéter en boucle que, grâce au CNED, il n’y a pas à s’inquiéter si les spécialités ne sont pas présentes dans tous les lycées !
Il n’y a pas à s’inquiéter, vraiment ? Sera-t-il si facile pour le CNED de proposer toutes les spécialités à la rentrée ? Assurément non. Comme nous l’indiquions déjà en janvier (2), la sortie très tardive des programmes pénalise lourdement le CNED : dans l’enseignement à distance, la conception et la production de contenus imposent d’ordinaire une anticipation minimale d’un an. Or le ministère, s’il est bien content d’avoir le CNED comme joker de sa réforme, ne lui facilite pas pour autant la tâche. Le financement accordé pour la refonte des cours du tronc commun et la création des enseignements de spécialité n’est intervenu que courant février ! Pourquoi si tard alors que dès septembre, voire avant, il était certain que le CNED ne pourrait faire face sur ses moyens propres ?
Le ministère a donc mis le CNED dans une situation très difficile. Le site de Rennes, chargé habituellement de la conception et du suivi des cours niveau lycée, s’est vu retirer de son périmètre la création de la plupart des spécialités, assumées désormais par la Direction Générale du CNED, à Poitiers. Cette dernière recrute d’ailleurs trois « Chargé(e) de projet en ingénierie pédagogique » (3) pour le 1er avril : dans la fiche de poste, longue comme le bras, essentielle sera assurément la compétence « Alerter sur des situations à risque » !