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Nouméa : vivre la crise au quotidien

© Flickr.com_teldridge+keldridge_6633737971

La situation est toujours très critique en Nouvelle Calédonie.

Nous faisons le point ce samedi 25 mai 2024 avec Elisabeth RODRIGUEZ, référente SNALC sur ce territoire.

SNALC - Elisabeth Rodriguez

Assistance et vie en période de crise : le rôle crucial du SNALC

Le SNALC se mobilise activement pour soutenir le personnel éducatif en difficulté dans des situations de crise, en faisant le relai avec la cellule de crise du vice-rectorat et en mettant en place des solutions pratiques immédiates.

Un exemple récent illustre cette assistance précieuse : une collègue du Lycée La Pérouse m’a signalé le cas d’une professeure de 60 ans arrivée sur le territoire en février. Je l’ai appelée immédiatement. Très émue, elle m’a remerciée car j’étais la seule à lui proposer de lui venir en aide. En situation de grande détresse, cette dernière se nourrissait de denrées crues faute de gaz et se lavait à l’eau froide depuis dix jours. Elle a également été suivie dans la rue, avant d’être secourue par une automobiliste qui avait compris le danger. Au cours de l’appel, sa collègue, du quartier Robinson, vient de la rejoindre. Celle-ci a été stoppée sur des barrages où des jeunes agressifs lui ont demandé de décliner son identité en baissant la tête. Elle non plus n’a plus d’électricité… Toutes les deux me demandent de pouvoir rejoindre les quartiers sud de Nouméa.

Je contacte alors aussitôt le numéro d’astreinte du Vice-rectorat. M. Thierry Mabru, Directeur de Cabinet, a initialement refusé d’apporter une aide concrète, prétextant que les « mises à disposition » (MAD) dépendent du gouvernement local – c’est faux – et ironisant sur le fait qu’il ne peut livrer du gaz à mes collègues (alors que lui parlais de leurs conditions de vie difficiles). J’insiste en lui demandant de financer trois nuits d’hôtel à ces collègues pour qu’elles puissent se reposer, le temps de voir venir… Impossible, me rétorque-t-il, tout est rempli par les forces de l’ordre…

Je propose alors d’ouvrir les internats : celui du lycée La Pérouse, par exemple. Après insistance, il a finalement accepté d’ouvrir les internats, une solution temporaire mais salutaire pour ces enseignantes.

Ce matin donc, la cellule psychologique de crise a validé cette initiative et m’avoue que c’est une bonne idée qui va servir à d’autres familles. Je contacte le Proviseur qui est entièrement d’accord. Le vice-rectorat n’y avait pas pensé…

Communication avec les autorités et les collègues

Les échanges constants avec la DPE et les autorités locales sont primordiaux pour obtenir des informations claires sur les possibilités de départ, les conditions de prolongation de séjour, les droits des personnels et les éventuelles possibilités de changer d’avis notamment sur la prolongation.

Malgré nos nombreuses sollicitations, Mme Abdo, en charge des mises à disposition (MAD), n’a pas encore fourni de réponses précises ; elle doit se renseigner auprès de sa hiérarchie. En attendant, le DRH, en copie de ces échanges, m’a conseillé d’orienter chaque collègue vers elle, chaque situation étant unique.

En parallèle, j’assiste les candidats à la constitution de leur dossier de MAD pour la rentrée 2025, tout en répondant aux courriels de collègues qui, en raison de la situation actuelle, refusent désormais une sélection éventuelle.

Rédiger ces articles pour le  SNALC me permet d’évacuer mon stress et surtout de tenir informés nos collègues des développements en cours et des actions du SNALC. Les témoignages et les besoins sont transmis au siège national du SNALC, en contact avec le ministère.

Vivre la Crise au Quotidien

Les conditions de vie actuelles sont éprouvantes et terrifiantes : des barricades jour et nuit, des rondes de vigilance nocturnes, des files d’attente interminables pour les courses, et le risque constant d’intimidation, voire de vol et d’agression.

Les avions militaires effectuent des ponts aériens incessants avec l’aéroport international de La Tontouta, fermé aux vols commerciaux, tandis que les convois militaires et policiers se déplacent sans relâche, sans vitre, la carrosserie impactée de balles.

Les témoignages sont effroyables : une jeune infirmière nous dit avoir recousu un jeune émeutier au Médipole sous ses crachats ; une policière nous raconte les humiliations qu’elle subit quotidiennement au barrage de St Louis. Les car-jackings, pillages, incendies d’entreprises et d’habitations particulières, et insultes « sales blancs », « à bas les blancs », y compris de la part de jeunes enfants, sont monnaie courante, surtout dans les quartiers nord de la ville, devenus zones de non-droit, où mes collègues et les habitants sont terrés chez eux. En contraste, les quartiers sud restent relativement protégés et offrent une certaine normalité.

Nous partageons tous un sentiment d’impuissance vis-à-vis d’une situation qui stagne depuis 13 jours malgré la venue du chef de l’État, doublé de la sensation d’être livrés à nous-mêmes sans consigne de notre hiérarchie, si ce n’est un mail du VR arrivé le 12e jour… après le départ du Président Macron. J’ai également reçu un mail de mon proviseur me demandant d’établir une continuité pédagogique avec mes élèves dès lundi…  alors que 60 d’entre eux n’ont pas de matériel informatique à part leur téléphone ( souvent sans connexion internet) !

La situation actuelle est critique et nécessite une attention immédiate des autorités compétentes. Le SNALC continue de se battre pour la sécurité et les droits des personnels éducatifs, espérant que nos appels à l’aide seront entendus et suivis d’actions concrètes. Nous restons déterminés à protéger nos collègues et à assurer une meilleure qualité de vie et de travail pour tous.

Ce que le SNALC a transmis au ministère

Les reportages télévisés actuels ne reflètent pas la réalité de la situation ; ils se focalisent sur les émeutiers et les indépendantistes, tout en occultant les véritables enjeux et dangers que vécus au quotidien.

  1. Nous avons alerté la Ministre sur les dangers auxquels sont exposés nos collègues.
  2. Nous avons souligné l’abandon des quartiers nord de Nouméa et des familles y résidant.
  3. Nous avons demandé une clarification des droits de retrait dans ces conditions et des possibilités de rapatriement.
  4. Nous avons demandé que la sécurité des collègues et de leur famille soit assurée lors de la rentrée scolaire fixée au 17 juin prochain.
  5. Nous avons regretté le manque d’information, de contact et de soutien du vice-rectorat.

N’hésitez pas à nous solliciter et à nous faire part de vos témoignages ; le SNALC suit la situation avec beaucoup d’attention et relaie régulièrement les informations importantes et les besoins des personnels sur place auprès du ministère.

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