L’atelier d’écriture créative animé par Valérie Blondel lors de son passage à Mulhouse m’a inspiré.
Je me suis mis dans la peau d’une femme et voilà le résultat :
Rêver
Allongée sur la plage, je peux sentir l’odeur du sable chaud sur la peau. Que c’est agréable de me retrouver près de la mer avec ce généreux soleil. Le bruit des vagues dans les oreilles me berce et m’aide vraiment à me relaxer… Quand soudain, un son plus strident s’invite dans ce décor… c’est mon alarme qui vient me rappeler la triste réalité : ce n’était malheureusement qu’un rêve. L’ouverture des rideaux et des stores viennent achever définitivement les derniers doutes : la pluie et la fraîcheur à l’extérieur semblent s’être alliées pour rendre mon trajet détestable jusqu’à mon établissement. J’allume la radio pour m’accompagner sur le chemin. Mauvaise idée. J’en suis venu à détester écouter les informations. Il ne semble pas se passer un jour sans qu’on nous inonde de déclaration sur l’éducation. Des mesures par-ci, des prises de positions par-là… ça a fini par me lasser. Je ne suis pas d’humeur à supporter tous ces bruits dès le matin.
J’arrive enfin. Je vois à l’entrée du bâtiment le visage fatigué des élèves qui, pour certains, ont déjà dû passer l’épreuve désagréable des transports en commun bondés. Dans la salle des professeurs, ça discute et on m’interpelle pour avoir mon avis sur les dernières annonces faites la veille. Aie ! Encore du bruit. Et d’ailleurs, de quelle annonce me parle-t-on ? Il y en a tellement ces derniers temps ! Je laisse mes collègues dans leur réflexion et je me dirige vers ma salle. La sonnerie retentit fortement et les élèves se ruent dans les salles.
Je suis content. Les cours se sont bien passés. Comme d’habitude. Une énième sonnerie, toujours aussi forte, me libère. Il est temps de rentrer. Un mauvais réflexe me fait à nouveau allumer la radio… Oh, surprise ! Encore une annonce ! Cette fois-ci « pour » le pouvoir d’achat des enseignants. « Mais quelle blague ? ». Je sens la colère monter en moi et prendre le dessus… « Mais laissez-moi tranquille ! Laissez-moi travailler en paix ! Mon salaire n’a pas changé ! C’est bien gentil de penser aux nouveaux entrants, mais quand on a offert autant d’années de loyauté et de sueurs, où sont la revalorisation et la reconnaissance ? » Bon, je crois qu’il est vraiment temps d’éteindre pour un long moment cette radio. Ce n’est de toute façon pas bon pour ma tension. J’éteins la télévision. Je ferme les journaux. Enfin la paix. Il est bientôt l’heure d’aller se coucher et je me surprends à espérer retrouver dans mon sommeil à nouveau un bord de mer. Oh, pas nécessairement très loin… Je ne suis pas exigeante. Juste un peu de soleil et le son des petites vagues qui s’écrasent sur la plage. J’adore définitivement ce bruit-là.
Je sais, ce que vous allez penser : ce n’est pas bon de fuir ainsi la réalité. Mais que voulez-vous ? Le métier d’enseignant ne me fait plus rêver du tout. Et je ne suis pas la seule malheureusement à être dans ce cas-là. Et ce n’est pas ce déferlement de bruits et d’annonces qui va me faire croire en une belle histoire. Allez, je m’endors. J’arrive d’ailleurs déjà à sentir l’agréable parfum de l’air marin… Bonne nuit à tous !